Romaine Visite

Il était un avantage à revenir dans des lieux naguère fréquentés : à moins d'un incendie ou d'une destruction, les bâtiments ne changeaient point, à la différence des hommes et femmes occupant les fonctions concernées.

La première foys qu'elle était venue à la Basilique Saint-André, elle n'avait point trente ans, et s'était présentée en tant que chambellan du Maine. Que tout cela luy semblait loin, désormais ! Et si proche à la foys, la décoration n'ayant guère changé en trois décennies.

Acceptant bien volontiers la main tendue par le cocher, Eloin mit pied à terre, attrapa sa canne et rajusta les plis de sa longue robe de laine tissée et teintée de pourpre, vérifia que sa guimpe était bien en place, et referma les pans de sa lourde cape d'un gris sobre mais hors de prix, seule folie qu'elle s'était autorisée lors de la commande de cette nouvelle vesture. Elle traversa le parvis de son pas lent mais décidé, tandis que le cocher remontait sur son siège pour aller garer la litière confortablement aménagée de coussins et couvertures dans laquelle elle avait voyagé. Les deux gardes l'ayant accompagnée le long du voyage firent demy-tour, s'en allant à la recherche d'une auberge qui les accueillerait le temps du séjour de la bordelaise : elle les avait recruté pour l'aller et pour le retour, s'épargnant ainsi une recherche de soldats lors de son départ.

Parvenue dans le hall, elle prit un instant pour consulter la composition du conseil ducal et les différents noms associés à la diplomatie bourguignonne. Puys, lorsqu'on vint s'enquérir de son identité et de la raison de sa présence, elle s'exécuta, sa voix douce tranchant avec l'allure austère de son visage marqué de sérieuses rides.

Lo bonjorn. Je suys Eloin Bellecour, Cardinal-Archevesque de Bordeaux et Vice-Chancelier de la Congrégation des Affaires du Siècle. Je suys venue sur demande de Son Éminence Fenice Deversi Aslan-Borgia, Chancelière de ladite Congrégation, au sujet de l'invitation lancée par Son Excellence le Chambellan de Bourgogne...

Elle avait bien plus de titres que les deux qu'elle avait présentés, en fait, mais elle avait jugé plus opportun de ne dire que le nécessaire, n'ayant jamais été partisane de l'étalage ni des arrivées en grande pompe.

Johanna quitta le bureau ou elle se trouvait quelque minute plus tôt en soupirant. C'était bien loin d'être amusant une journée enfermer dans un bureau devant une pile de dossier qu'on devait trier. Heureusement, elle avait adopter la technique de travail que lui avait conseil Henry et elle s'en sortait bien mieux qu'avant. Elle sortait à peine du couloir quand elle vit un petit page courir vers elle, s'arrêter essouffler et lui lançer le nom de la personne qui attendait dans le hall avec les titres qu'elle avait annoncer. Au titre de Cardinal, elle sentit ses cheveux sur sa nuque se hérisser avant de se reprendre. Johanna n'était pas vraiment ce que l'ont peu appeler une fanatique de l'église. Mieux elle s'en tenais loin, mieux elle se portait même si elle assistait quelque fois au messes qui était donner. Prenant une grande respiration pour se donner contenance, elle suivit le jeune page avant de le laisser filer pour s'approcher de la femme à l'entrée. En souriant, elle s'inclina avec politesse, avant de se redresser tout en lui souriant.

Votre Excellence, Cardinal, soyez le bienvenue à la Basilique de Saint-André. Je suis Johanna Faust, premier vice-Chambellan de Bourgogne. Je vais faire prévenir immédiatement le Grand Chambellan de votre arrivé afin que vous n'ayez pas trop longtemps à attendre. Nous allons passer dans une salle à côté, je préfère que vous soyez bien installer au lieu de vous laissez devant l'entrée.

Johanna garda son sourire avant de l'invita de la main à venir avec elle. Elle poussa une grande porte qui donnait sur un petit salon et invita de la main l'excellence à s'installer dans l'un des sièges. Elle fit ensuite signe à un Page de venir, lui intimant de prévenir immédiatement le Grand Chambellan qu'il avait une invitée d'arriver. Puis elle se tourna vers celle-ci en souriant.

Désirez-vous boire ou mangez quelque chose ?

Tandis qu'un page s'élançait à la recherche de quelque responsable du lieu, un autre s'empressa de la débarrasser de sa cape et de ses gants.

Un signe de teste et un sourire saluèrent la dame qui vint l'accueillir, et elle la suivit dans le salon. Elle prit place dans un des fauteuils, posant les mains sur les accoudoirs.

Point de collation, mercè. Un monastère m'a ouvert ses portes le temps du dîner, aussi je tiendrai sans peine jusqu'au souper. En revanche, je prendrai bien un peu de boisson, s'il vous plaît.

Johanna hocha la tête puis alla prendre un verre, versant ainsi du vin avant de lui apporter le verre en lui adressant un sourire. Elle ne savais pas si le vin était de rigeur, car elle ne savait pas déjà si les haute instance de l'église prenait de l'alcool. Alors qu'elle venait de lui donner le verre, elle vit le page revenir en courant. C'est qu'ils étaient tous presser ses temps-ci ici. Elle râlait d'ailleurs encore intérieurement de ne pas avoir pu discuter plus longuement avec Henry, mais bon quand faut débuter le travail on à pas le choix. Johanna hocha la tête en l'écoutant, puis se tourna vers la Dame en souriant.

Notre Grand-Chambellan est près à vous recevoir, le page va vous conduire à votre Salle. Si vous avez besoin de quoi que se soit n'hésiter pas et encore fois, soyez la bienvenue à Saint-André.

Johanna s'inclina respectueusement en souriant, laissant le page conduire la Dame dans son bureau.

Un hochement de teste remercia la jeune femme pour le verre qu'elle luy servit, mais elle n'eut point le temps d'y goûter qu'un page annonçait la suite de la visite du lieu. Eloin se releva, posa son verre sur un guéridon, et suivit son hôtesse à travers les couloirs de la basilique.

Après le pigeon qu'il avait reçu, l'archevêque de Lyon prit la route de la Basilique Saint-André afin de rejoindre SE Eloin Bellecour, comme elle l'en avait prié. Il la salua dès qu'il la vit ainsi que les personnes présentes. Revenir en ces lieux lui fit un effet qui le conduit à exprimer son sentiment.

C'est un éternel retour !

Johanna se retourna quand elle apperçu une personne de plus arriver. Elle inclina poliement la tête avant de sourire.

Bonjours, Bienvenu à Saint-André.... si vous voulez bien me suivre.

Leur adressant un sourire, la Sentinelle les conduisient dans le couloir qui menait à leur bureau

Quelques jours plus tard, ce fut au nouvel episkopos bourguignon de se présenter à la Basilique. Quoique fatigué par le voyage, il était plein de l'ardeur de la foi et prêt à remplir ses devoirs apostoliques dans tous les domaines qui la concernaient. Les affaires du siècle en faisaient partie, et Son Eminence Eloin l'avait donc sollicité pour participer aux discussions en cours avec la puissance temporelle de Bourgogne.

S'époussetant la soutane et le chapel, il interpella au hasard:

Bonjour, je suis Monseigneur Alboin, le nouvel évêque d'Autun. Je souhaite rejoindre les appartements diplomatiques réservés aux discussions avec la Sainte Eglise.

Johanna venait tous juste de revenir de la salle de rencontre, quand elle entendit une nouvelle voix appeler à l'entrée de l'Ambassade. Elle s'approcha un peu plus et comprit qu'il s'agissait donc encore d'un émissaire de l'église. Heureusement qu'elle avait terminer son travail depuis un moment, sinon elle n'arriverait aucunement à s'en sortir. Elle s'approcha donc de l'évêque et lui adressa un sourire après avoir incliner poliment la tête.

Bienvenu à Saint-André Monseigneur, Je suis Johanna Méphistophélès Faust, Premier Vice-Chambellan de Bourgogne. Je vais vous conduire jusqu'au bureau qui vous est réserver.

Lui souriant, Johanna l'invita donc à suivre le chemin d'un signe de la main. Retours en arrière, on reprenait la direction des bureau.

Et le prélat la suivit, non sans l'avoir gratifié d'une bénédiction de la main.

Dominus Tecum, ma fille. Je m'en remets à vous.

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